COMMOTIONS CEREBRALES ET FOOTBALL AMATEUR -Dr Emmanuel Orhant, Directeur Médical FFF - Illustration

COMMOTIONS CEREBRALES ET FOOTBALL AMATEUR -Dr Emmanuel Orhant, Directeur Médical FFF

13 Mar. 2020

Devant toute suspicion de commotion cérébrale

 - L’arbitre arrête le jeu

- Le joueur est évalué sur le terrain par un médecin, un secouriste, l'arbitre, un éducateur, un entraineur 

    RECONNAITRE LA COMMOTION CEREBRALE SUR LE TERRAIN

Définition

Altération immédiate et transitoire des fonctions neurologiques après un choc transmis au cerveau.

Mode de survenu

Traumatisme direct sur la tête, la face, ou indirect sur le cou, le corps avec une transmission du choc à la tête. La résolution est spontanée même symptômes peuvent durer de quelques minutes à quelques heures.

Devant toute suspicion de commotion cérébrale

 - L’arbitre arrête le jeu

- Le joueur est évalué sur le terrain par un médecin, un secouriste, l'arbitre, un éducateur, un entraineur


CONDUITE A TENIR - 4 étapes

ETAPE 1 / BILAN INITIAL

Rechercher les premiers symptômes en faveur d'une commotion cérébrale. Il convient de répertorier les plaintes du joueur :

- Douleurs cervicales

- Maux de tête

- Diplopie [vision double]

- Faiblesse, picotements ou brulures des membres

[supérieurs ou inférieurs] - Troubles de la mobilité

- Troubles de l'équilibre

- Convulsions

- Vomissements

- Perte de connaissance

- Détérioration de l'état de conscience

- Désorientation ou confusion ou obnubilation

- Troubles de la mémoire

- Comportements anormaux [fatigue, agitation, agressivité ... ]

- Regards et expressions vides

AVEC ou SANS la présence d'un de ces symptômes on passe à l'étape 2

ETAPE 2 Il EVALUATION PAR L'ENTOURAGE

Une personne de l'entourage [médecin, secouriste, arbitre, éducateur, en­traineur, interroge le joueur à l'aide du Test de Maddocks afin de vérifier si les plaintes initiales existent encore après le choc.

EVALUATION DE LA MEMOIRE

Je vais vous poser quelques questions. Ecoutez attentivement et faites de votre mieux. D’abord dites moi ce qui s’est produit ?

Entourez O en cas de réponse correcte / N en cas de réponse incorrecte      Total             Sur 5

Dans quel stade sommes-nous aujourd’hui ?                                                                                O    N

A quelle mi-temps sommes-nous ?                                                                                                     O    N

Qui a marqué dans ce dernier match ?                                                                                              O    N

Contre quelle équipe avez-vous joué la semaine dernière ou au dernier match ?         O    N

Votre équipe a-t-elle gagné le dernier match ?                                                                              O    N

- Le score doit obligatoirement être = à 5 pour que le joueur puisse re­prendre le jeu

- Si le score est < à 5, le joueur ne peut pas reprendre le jeu : avec ou sans symptômes et même s'il semble avoir recouvré ses esprits

Dans tous les cas, l'arbitre peut demander la sortie du joueur sans avis médical.

L’entourage doit être conscient des responsabilités à court et moyen terme, si une complication survenait alors que le joueur est resté sur le terrain.

SIGNES DE GRAVITÉ

Si l'un des signes suivants existe :

 - Trouble de la conscience

 - Altération de l'état mental

 - Risque de lésion du rachis cervical

 - Aggravation des signes initiaux

         Transfert à l'hôpital pour bilan

ETAPE 3/// PRÉCONISATION APRÈS ARRÊT

Dès sa sortie du terrain, le joueur commotionné :

 - doit être laissé au repos

- ne jamais se retrouver seul

- ne doit pas conduire [sans l'aval d'un professionnel de santé]

SIGNES DE GRAVITÉ

Si l'un de ces phénomènes apparaît/réapparaît

- Céphalées qui s'aggravent

- Forte somnolence, Impossibilité d'être réveillé

- Incapacité à reconnaître des personnes ou des lieux

- Vomissements répétés

- Comportement inhabituel [confusion, agitation, trouble de l'humeur]

- Convulsions

- Diplopie [vision double)

- Faiblesse ou engourdissement des bras ou des jambes

- Instabilité en position debout

- Élocution pâteuse

       Transfert à l'hôpital pour bilan

ETAPE 4 Il Il CONSEILS ET SURVEILLANCE

 Durant 48 heures

- Repos impératif et COMPLET [sans utilisation d'ordinateur, téléphone jeux vidéo, etc...)

- Ne pas boire d'alcool

- Ne pas prendre de médicaments sans avis médical [surtout somnifère aspirine, anti-inflammatoire, antidouleur, sédatif)

 - Ne pas conduire

- Ne pas reprendre de sport sans l'avis médical

Dans les 48 heures

- Consulter un médecin généraliste ou un neurologue


        Le retour au terrain après une commotion doit respecter une stratégie d’évolution (Return to Play RTP)

6 PALIERS

1. Limiter les activités et respecter les symptômes [Reprise progressive des ­activités quotidiennes en respectant l'absence de symptômes)

2. Reprendre exercice aérobie [marche, vélo) sans résistance et observer les réactions lors de l'accélération cardiaque.

3. Augmenter activité sans impact [course à pied).

4.Augmenter activité intégrant exercices de coordination [passes, accélération, saut... )  mais toujours sans contact.

5. Reprendre activité sportive normale à l'entrainement.

6. Reprendre compétition.

La durée de progression dépend de la commotion initiale, de l’âge, des antécédents, du sport.

Elle peut se faire entre 1 et 3 semaines et être individualisée.

Les éléments prédictifs sur la vitesse de récupération sont surtout les symptômes initiaux des premiers jours.

Cas particuliers :

-Enfant et jeune > 20 ans : compte tenu de leur vulnérabilité et du temps nécessaire à une récupération fonctionnelle optimale, le retour au jeu ne peut être autorisé sans avis du neurologue expert et pas avant 3 semaines.

-femme : elle est plus à risque. Le syndrome post- commotionnel est plus sévère et les tests neurologiques sont plus longtemps perturbés

COMPLICATION

A cout terme

-Autre blessure (musculaire, ligamentaire)

-Altération de la performance sportive en cas de reprise précoce.

-Susceptibilité commotionnelle : le cerveau est plus sensible dans les 2 semaines qui suivent et le risque d’une nouvelle commotion est aggravé

-syndrome du 2eme impact (dans la semaine qui suit le premier) : le risque est très grave pouvant aller jusqu’au décès.

-persistance des symptômes neurologiques (syndrome commotionnel) : céphalées, vertiges, fatigue, troubles du sommeil, de la concentration, de la mémoire, anxiété, intolérance au bruit.

A long terme

-Troubles hormonaux

-Démence

-Dépression

-Troubles de la mémoire

-Chronicité des problèmes neurologiques (maux de tête, troubles visuels, troubles de l’équilibre.